Comprendre l’éjaculation prématurée (ou éjaculation précoce)
1. Qu’est-ce que c’est ?
L’éjaculation prématurée, aussi appelée éjaculation précoce ou éjaculation rapide, désigne le fait d’éjaculer plus vite qu’on ne le souhaiterait, le plus souvent avant ou juste après la pénétration, sans pouvoir contrôler ce réflexe.
Pour qu’on parle de trouble sexuel avéré, trois éléments doivent être réunis :
Cela dure depuis plus de 6 mois,
Cela se produit dans au moins 3 rapports sexuels sur 4,
Et cela entraîne une gêne ou une souffrance chez l’homme ou dans le couple.
👉 Ce n’est pas une « faute », ni une maladie honteuse.
👉 C’est un phénomène fréquent, très bien compris et qui se soigne.
2. L’intensité du trouble
Il existe plusieurs niveaux d’éjaculation prématurée, en fonction de la durée entre la pénétration et l’éjaculation :
Moins de 15 secondes → forme sévère,
Entre 15 et 30 secondes → forme modérée,
Entre 30 et 60 secondes → forme légère.
3. Deux formes différentes
Éjaculation prématurée primaire : présente depuis les tout premiers rapports.
Éjaculation prématurée secondaire : survient après une période de sexualité sans difficulté, parfois suite à un stress, un changement, une perte de confiance, ou à l’apparition de troubles de l’érection.
Dans tous les cas, il est possible d’agir.
4. Pourquoi cela arrive ?
Il est important de comprendre que l’homme est, biologiquement, programmé pour éjaculer rapidement. C’est un réflexe de reproduction qui s’est développé pour des raisons évolutives (rapide, efficace, reproductif…).
Aujourd’hui, la sexualité humaine est beaucoup plus riche et variée. Retarder son éjaculation nécessite donc un apprentissage, au même titre qu’un sportif apprend à mieux respirer, se concentrer ou doser ses efforts.
Les causes les plus fréquentes sont :
🔹 Psychologiques :
Stress, anxiété, pression de performance
Peur de ne pas être à la hauteur
Crainte de perdre l’érection
🔹 Corporelles :
Mauvaise gestion de la respiration
Muscles trop tendus ou crispés
Méconnaissance du périnée
Excitation trop intense ou mal gérée
5. Que peut-on faire pour améliorer la situation ?
Bonne nouvelle : il existe des solutions concrètes, efficaces, et souvent rapides à mettre en place.
1. Comprendre comment ça fonctionne
Avant tout traitement, il est essentiel d’expliquer :
Comment fonctionne l’éjaculation (un réflexe, pas une volonté),
Ce qu’est le point de non-retour (le moment où l’éjaculation devient inévitable),
Et comment on peut apprendre à mieux gérer son excitation sexuelle.
2. Les traitements médicaux possibles
Fortacin® (spray anesthésiant)
S’applique sur le gland pour réduire la sensibilité.
Ne nécessite pas d’ordonnance.
Utile si l’origine du trouble est une hypersensibilité du gland.
Priligy® (Dapoxetine)
Médicament agissant sur la sérotonine, neurotransmetteur qui régule le réflexe éjaculatoire.
Prescrit par un médecin, à prendre 1 à 3 heures avant un rapport.
📝 Remarque : Ces traitements peuvent être utiles en complément, mais ne suffisent souvent pas à eux seuls à améliorer durablement la situation.
3. Apprendre à gérer l’excitation : respiration et conscience du corps
La respiration abdominale permet de calmer le système nerveux, de ralentir le rythme cardiaque et de modérer l’excitation.
Une respiration rapide et saccadée = excitation qui grimpe vite.
Une respiration lente et profonde = excitation mieux contrôlée.
Un homme détendu éjacule moins vite.
4. Renforcer et détendre le périnée
Le périnée est un ensemble de muscles situés entre l’anus et les organes génitaux.
Trop souvent contracté, il augmente l’excitation.
➡️ En apprenant à le relâcher au bon moment, on peut ralentir l’éjaculation.
👉 Des exercices simples, appelés exercices de Kegel, permettent d’identifier, de contracter puis de relâcher ces muscles.
5. Approche sexo-corporelle
Il s’agit d’une méthode complète, utilisée par certains professionnels formés, qui combine :
respiration,
mouvements du bassin,
conscience du périnée,
ralentissement du rythme sexuel.
Cette approche enseigne à bouger différemment pendant les rapports : moins de tension, plus de fluidité, plus de contrôle.
Elle est souvent très bénéfique en cas d’éjaculation prématurée ou d’anxiété de performance.
6. La technique du « Stop & Go »
Cette méthode consiste à apprendre, d’abord seul, puis à deux, à repérer le moment juste avant l’éjaculation et à :
interrompre la stimulation,
respirer profondément,
relâcher le périnée,
attendre que l’excitation redescende,
puis reprendre la stimulation calmement.
Ce travail progressif permet de repousser l’éjaculation et de reprendre confiance.
7. Le sensate focus (massages en couple)
Ces séances de massages progressifs sans rapport sexuel permettent au couple :
de se retrouver autrement,
de réduire la pression liée à la performance,
de redécouvrir le plaisir du toucher, sans attendre un « résultat ».
C’est un excellent moyen de ralentir, reconstruire la complicité et revenir au corps.
6. En conclusion
L’éjaculation prématurée est fréquente, bien connue et surtout accessible à un traitement.
Ce n’est ni une fatalité, ni un manque de virilité.
De nombreuses solutions existent : respirer, se détendre, mieux connaître son corps, apprendre à moduler l’excitation.
Le soutien du couple, la patience, et parfois l’accompagnement d’un professionnel font une réelle différence.