Approche Sexocorporelle
Les fondements de l’approche sexo-corporelle
Une sexualité incarnée, dynamique et éducable
L’approche sexo-corporelle repose sur un postulat fondamental : la sexualité humaine est à la fois biologique, psychologique, relationnelle et corporelle. Elle n’est ni figée, ni purement instinctive. Elle est apprise, modelée, influencée par le corps, l’histoire personnelle, la culture, les croyances, et les expériences relationnelles.
Développée par Jean-Yves Desjardins à partir des années 1970, cette approche s’inscrit dans un courant intégratif et éducatif : elle vise non seulement à soulager les troubles sexuels, mais aussi à développer les habiletés sexuelles, dans une logique d’autonomisation et de bien-être sexuel.
1. Une conception éducative et non normative de la sexualité
Contrairement à d’autres modèles qui se centrent uniquement sur la pathologie ou les dysfonctions, le sexo-corporel considère que la sexualité s’apprend et se développe. Chaque personne possède un potentiel érotique unique, qui peut être exploré, enrichi et adapté.
La sexualité n’est pas vue comme un problème à résoudre, mais comme un champ de développement : il s’agit de renforcer les compétences corporelles, perceptives, expressives et relationnelles.
2. Les composantes du fonctionnement sexuel
L’approche sexo-corporelle distingue trois dimensions principales du fonctionnement sexuel :
a) La composante biologique
Elle inclut les mécanismes neuro-hormonaux, la vascularisation, les réponses réflexes du corps, et les facteurs médicaux. Cette base est essentielle, mais elle n’explique pas à elle seule les expériences sexuelles.
b) La composante psychologique
Elle intègre les représentations mentales, les attentes, les peurs, l’estime de soi sexuelle, les fantasmes et les conditionnements affectifs liés à l’histoire personnelle.
c) La composante corporelle
C’est ici que l’approche sexo-corporelle se distingue : elle s’appuie sur l’idée que le corps possède des habiletés érotiques spécifiques, qui influencent la qualité de l’expérience sexuelle. Ces habiletés se développent ou se figent au fil des expériences, des interdits, des traumatismes, des apprentissages.
3. Le corps comme mémoire et langage de la sexualité
Dans cette approche, le corps n’est pas un simple support : il est le lieu vivant de la sexualité. Il mémorise les expériences (agréables ou non), il reflète les tensions internes, et il participe à l’expression érotique.
Les tensions musculaires chroniques, les blocages respiratoires, les schémas posturaux ou les zones anesthésiées peuvent être les empreintes somatiques de vécus émotionnels ou sexuels passés.
Travailler sur le corps, c’est donc travailler sur l’histoire sexuelle de la personne, dans une démarche à la fois thérapeutique et éducative.
4. Les habiletés sexuelles de base
Le sexo-corporel identifie plusieurs habiletés corporelles fondamentales qui soutiennent le plaisir et l’érotisme :
La respiration consciente et fluide
La mobilité du bassin
La capacité de relâchement musculaire
L’amplification des sensations
L’accès à un imaginaire érotique corporel
La capacité de modulation du rythme et de l’intensité
Ces habiletés peuvent être absentes, inhibées ou mal synchronisées. La thérapie vise donc à les réhabiliter ou les affiner, par des exercices pratiques, une conscience du corps accrue et un réentraînement progressif.
5. Le modèle de santé sexuelle
Le modèle de santé sexuelle proposé par le sexo-corporel repose sur trois axes :
La fonctionnalité sexuelle (capacité de répondre corporellement et émotionnellement)
La satisfaction sexuelle (ressentie personnelle, qualité de l’expérience)
L’adéquation au contexte relationnel et affectif (respect de soi, de l’autre, et des valeurs personnelles)
Une sexualité « saine » n’est donc pas définie par une norme ou une fréquence, mais par l’alignement entre ce que la personne vit, ressent, désire, et la manière dont cela s’inscrit dans ses relations.
6. Une approche humaniste et relationnelle
Le sexo-corporel place la personne au centre de la démarche, dans le respect de son rythme, de ses limites et de ses valeurs. Le thérapeute adopte une posture de guide bienveillant, qui soutient la personne dans son processus de transformation.
Le lien de confiance, la sécurité relationnelle, la parole libre et la mise en mouvement du corps sont les piliers de cette approche.
Conclusion
L’approche sexo-corporelle propose une vision profondément positive, dynamique et globale de la sexualité. Elle invite chacun à réhabiter son corps, à redonner du sens au plaisir, et à développer des compétences érotiques dans une perspective d’épanouissement personnel et relationnel.
Elle est aujourd’hui enseignée à l’échelle internationale et s’intègre de plus en plus dans les parcours de formation en sexologie, psychothérapie et accompagnement corporel.
