Pourquoi les périodes difficiles augmentent-elles la perception du négatif ?

Quand nous traversons une période pénible, notre seuil de tolérance émotionnelle diminue, et notre attention au négatif augmente

1. Le système nerveux est en alerte prolongée

Quand on traverse un choc ou une série d’événements éprouvants, notre système nerveux entame un mode « défense » :

  • Le cerveau limbique (émotionnel) prend le dessus sur le cortex préfrontal (rationnel).

  • L’amygdale, en particulier, est plus facilement activée, ce qui nous rend plus sensibles au stress, à la peur, à la colère.

  • Cela entraîne un état d’hypervigilance : le cerveau cherche les signaux de danger… même là où il n’y en a pas forcément.

💡 Dans cet état, tout ce qui va mal ou pourrait aller mal est surévalué.
Et ce qui va bien devient presque invisible.

2. Les ressources internes sont diminuées

Les événements pénibles épuisent nos ressources psychiques : énergie, patience, lucidité, confiance.

Quand ces ressources sont basses :

  • Le filtre de perception devient sombre.

  • Le jugement sur soi et sur le monde devient plus critique.

  • On est plus vulnérable aux pensées automatiques négatives (« Je suis nul », « Rien ne va », « Je n’y arriverai pas », etc.).

3. La mémoire émotionnelle se fige autour de ce qui fait mal

Dans les moments de crise, les souvenirs pénibles sont :

  • plus fortement encodés,

  • plus souvent rappelés,

  • et associés à une teinte émotionnelle globale.

Ainsi, même des événements anciens ou sans lien direct peuvent réapparaître sous une forme amplifiée (« Et en plus, je me souviens de cette fois où… »).

4. L’identification au malheur devient plus forte

Il arrive que, dans une période difficile, on se confonde avec ce qu’on traverse.
On ne dit plus « Je vis quelque chose de douloureux », mais « Je suis mal », « Je suis brisé », « Je suis négatif ».

Cette fusion entre le vécu et l’identité rend encore plus difficile la perception du positif, comme si ce dernier devenait illégitime ou inaccessible.

5. Comment faire face à cette distorsion ?

Il ne s’agit pas de nier la douleur ni de forcer l’optimisme.
Mais de créer des micro-fenêtres d’apaisement et de réentraînement du regard.

🔹 Quelques pistes :

  • Accueillir les émotions sans s’y perdre (« Je ressens cela, ce n’est pas tout ce que je suis. »)

  • Se reconnecter au corps : respiration lente, marche consciente, toucher doux

  • S’entourer de personnes régulatrices : qui n’en rajoutent pas, mais qui rassurent

  • Créer un rituel de stabilisation : lumière douce, musique, thé chaud, phrases ressources

  • Noter une chose qui a tenu aujourd’hui, même infime

  • Distinguer le moment présent de l’ensemble de la vie

6. Une image pour finir :

Le bonheur ne dépend pas de ce qui nous arrive, mais de la manière dont nous choisissons de le vivre intérieurement.
Chaque perception est une graine.
Chaque interprétation est un acte de jardinage.
Chaque émotion est une fleur qui en découle.
Et chaque comportement est un fruit que l’on partage avec les autres.